Poil de Carotte

« Tout le monde ne peut pas être orphelin ». Cette phrase cruelle, cinglante, résume à elle seule tous les regrets d'un enfant non désiré et privé d'affection. Gouverné par la figure de la mère, la sévère Madame Lepic, le quotidien de Poil de Carotte est fait de joies contenues et de vexations. Pas d'apitoiement ni de sensibilité exacerbée dans ce récit construit par touches successives. Entre amertume et tendresse, Jules Renard évoque, avec la justesse d'observation qui le caractérise, les sentiments contrastés d'un homme qui se souvient d'une enfance gâchée par trop d?élans d?amour empêchés. Règlement de comptes ou déclaration d'amour détournée. Dix ans plus tard, Jules Renard évoque la disparition de sa mère, qui s'est noyée accidentellement, en parlant dans son journal d'« une façon bien compliquée d'être orphelin ».